Munich – Partie une

Munich – Partie une

Munich – Partie une

  • Posted by Phil Meyer
  • On 2 December 2019
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Cela fait plus d’un mois que nous en sommes partis. Il a fallu du temps pour digérer l’expérience. D’abord prévu comme un arrêt court dans notre itinéraire, nous avons prolongé et prolongé. Plus de trois semaines sur place.
Le stop précédent nous avait épuisé, des nuits trop courtes, des stress trop importants, le sentiment d’être un étranger qui dérange. 
Munich a été tout l’opposé!

Nous sommes arrivés la veille de mes 34 ans. En pleine fête traditionnelle: l’Oktoberfest. Cette célébration de la bière et d’un mariage vieux de deux cents ans. Tout le monde portait l’habit traditionnelle.
C’est vrai que dans le Sud-Ouest, nous avons des vêtements blancs et l’écharpe rouge de temps en temps. Mais à Bordeaux, nous autres doryphores, n’avons que le jean et le t-shirt. Ici tous les hommes étaient en lederhosen (sorte de short et pantalon en cuir) et chemise et les femmes en Dirndl (une jupe longue, corsage et chemise). C’est festif. Et ils sont fier de porter ces vêtements. La ville se pare de beaux atours, elle rit, jubile, boit et fait la fête. Pendant deux semaines.
On s’attable le soir (ou le matin suivant la soirée précédente) sur de longues tables, que l’on partage avec d’autres ; on y commande une pinte, un bretzel. Ça chante, ça rit, ça taquine le voisin. Les cœurs sont à prendre (véritablement, en pain d’épice ou spéculos!).
Autant dire que cet anniversaire fut bien différent des précédents: en tenue, s’il vous plaît; et en plus, nous avons partagé un diner, quelques bières avec nos voisins de table. Et franchement, je n’avais pas rêvé mieux comme anniversaire : un super repas, quelques degrés et le partage !
Juste ce qu’il faut pour annoncer une super halte.

Munich est une ville verte, axée sur l’Isar, la rivière qui la traverse. Ils ont une coulée verte qui sert de parcs, de voie cyclable, de poumon vert. Nous nous sommes calés dans cet impasse, au départ de cette voie, là ou d’autres nomades sont aussi, sous le regard bienveillant des Munichois.
Trois semaines. Et dire que c’est passé lentement et rapidement. Brouillage temporel.
 Nous nous étions dit : On reste quelques jours et on reprend la route.
 Comme d’habitude, un tour à l’office du tourisme pour prendre la température culturelle de la ville. Les expos, les galeries, les évènements à voir. Et d’entrée de jeu, une vieille dame nous a partagé, alors que l’on prenait les prospectus, les trucs qu’il faut absolument faire.
C’est étonnant et rafraichissant.
Ce fut comme ça tout du long.
Nous avons eu la chance de rencontrer des galeristes avec lesquels nous avons eu de belles discussions, des conseils, une visite privée, une lecture de portfolio.
Déstabilisant, excitant, enrichissant, ce que nous cherchions depuis notre départ.
J’ai eu l’impression de vivre ce que l’on pouvait vivre au siècle précédent, quand le Galeriste était proche de son Artiste. Qu’ils travaillaient ensemble, qu’ils évoluaient, dans le même monde et avaient des échanges épistolaires.

Comment retranscrire par écrit ces impressions, ces sensations. Nous n’avons pas été des étrangers dans cette ville. Quelque part entre le touriste et l’habitant, c’est vrai. Mais pas des étrangers.
Nous avons repoussé trois fois notre départ. On se disait:
«  Non, on a pas encore assez vu. Il y a encore des musées, des expos à voir.
-Regarde, il y a une expo qui débute la semaine prochaine.
-J’aimerai bien rencontrer cette artiste qui arrive dans quelques jours … »

Et puis il a fait bon, aussi. Nous avons travaillé dehors.
 Et c’est là que la ville nous a intégré. D’abord timidement, des enfants nous ont posé des questions, ont testé la sculpture. Certains parents ont pris des photos. Nous avons répondu à des questions.
Et continué à sculpter et peindre.
 Et là, quelque chose de magique s’est opéré. Les habitués du parc, ceux qui courent le matin, ceux qui passent en vélo pour aller travailler, nous ont salué. Ont tapé la discute. Ils sont venus passer du temps.
L’art entraine des réactions surprenantes : nous avons eu un aviateur qui nous a proposé de voir le monde depuis le ciel (malheureusement, il n’a pas fait assez beau pour qu’il puisse nous emmener les jours suivants), une voisine de quartier est venue pour sculpter en même temps (et la soirée a continué autour de nos histoires).
D’autres artistes sont venus, des musiciennes. Des moments intenses et profonds.

L’art ne doit pas être seulement cantonné à certain mais ouvert à tous. Il créé du lien, une ouverture et un rapprochement, peu importe la culture, la langue, la nationalité.
 Munich en est la preuve.
Nous en parlons et reparlons tout le temps. Quelque part, je ne pense pas que nous en sommes tout à fait partis.
Notre road-trip en est encore sous son influence.
Et franchement, je crois bien avoir encore besoin d’un peu de temps pour réfléchir à ce qui c’est passé là-bas.

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