Venise …
- Posted by Sophie Bx
- On 30 September 2019
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Arrivée à Venise ou presque
5 septembre
Vincenza.Vendredi matin, un petit marché bio, la basilique, le calme et la chaleur.
Des toits à perte de vue.
Après cette parenthèse poétique, retour à la vie moderne pour acheter les dernières choses qui nous manquent.
Leroy zinzin, comme une impression de revenir 6 mois en arrière, entendre des personnes qui parlent en italien et projettent les travaux de leur future maison.
Et nous les déracinés ? Et bien c’est pour jojo, notre maison à roulettes.
Où l’on commence à sentir le décalage.
Perte du temps qui passe sous les néons, dans cette boîte qui ne voit jamais le jour. L’agacement urbain reprend du terrain, « on y passe trop de temps » « c’est long » « c’est lent ».
Retour de la grisaille moderne, nous courons après une prise, un adaptateur, un magasin, un deuxième et cette zone industrielle…
Du béton, du fer, de la tôle. Des gens qui courent pour les courses de rentrée, comme si cet environnement sans fenêtre ni lumière était devenu leur habitat naturel.
Vite vite, achète les derniers stigmates de ton attachement à la vie moderne et fuis, échappe-toi. Promis, c’est fini.
La route, les virages et quelques pages d’un livre qui m’absorbe. Absorber la grisaille, recréer ma bulle.
C’est agacé par cette journée qui a semblé en contenir mille que nous sommes arrivés à Venise.
Venise, enfin juste à côté.
Art contemporain, Venise plastique ?
6 septembre
Le ciel est menaçant au Camping Rialto, la nuit fut agitée par la pluie mais elle fût bonne.
Petit déj’, douche (froide pour ma part… promis je teste la douche la prochaine fois avant d’enlever mes fringues !), vaisselle du matin et de la veille, nous tardons.
Touche finale, les K-way flashy sur le dos : c’est moche mais on sera au sec ! Let’s go !
Première arrivée sur la lagune par le pont. « C’est toujours aussi moche cette zone »
Je ne comprends pas pourquoi on continue à dire que l’arrivée est magique, entre l’autopont, le chemin de fer, la zone portuaire et ses cheminées, la fumés, les paquebots communément appelés les « monstres », les parkings… L’arrivée n’est pas si magistrale.
Un chemin d’en-fer pour arriver à un paradoxe humain : un paradis architectural qui se noie.
On est à Venise !
Noyés dans la foule, il va pleuvoir.
Il pleut.
On marche, on se moque des gens en T-shirt et sandales qui vont devenir les proies préférées des vendeurs ambulants.
K-way, Cap plastoc’ et parapluies merdiques.
La ville se remplit, se cache, sous les ponts, les arches, les stores. Elle se noie sous une marée de plastiques rose bonbon, jaune poussin et bleu layette.
Vite enfilés sur le dos, le soir reposeront au mieux au fond d’une poubelle, au pire dans le canal.
Nous traversons la ville pour atteindre l’Arsenal. La biennale.
(…)
Les pieds douloureux, humides et fatigués.
Sommes-nous trop terriens pour comprendre le langage de ces artistes venus d’une autre planète ; Celle qu’on appelle « conceptuelle » ? Ne serait-il pas temps de changer d’orbite et de redevenir satellites de notre bonne vieille terre à l’heure de la crise climatique ?
Se recentrer sur l’essentiel, l’essence humaine et naturelle. Voilà où je souhaite aller…
Nous partons, pour parler d’art dans d’autres lieux. L’art n’est plus ici.
« On va boire un verre ? » Oui et nous finissons par acheter des carnets vénitiens chez l’un des derniers artisans de Venise. Ils fabriquent de père en fils des carnets fait main avec le fameux papier marbré. On parle d’histoire, d’amour du beau papier, nous sommes rassurés : l’art des belles choses n’est pas mort.
De quoi se réconcilier avec l’art, l’artisanat et la ville.
Une photo souvenir, il y a deux ans nous étions ici, même époque, même place, même temps.
Il pleut, les parapluies cassés s’amoncellent dans les poubelles publiques, la pluie s’arrête.
Nous rentrons.
Venise.
Venise et mes chaussettes
13 septembre
Vivre en nomade, c’est vivre dans des lieux fabuleux avec son quotidien.
Plier ses chaussettes et aller se balader dans les canaux de Venise. Rentrer de la place San Marco et faire la vaisselle.
C’est chercher autre chose que de belles pierres, chercher l’humain derrière cette porte, ce zinc de comptoir ou cette boutique artisanale. Passer à travers la foule et rencontrer un artiste de rue, une artiste espagnole devenue Vénitienne.
Gratter la couche de vernis que les tours opérateurs ont posé années après années. Trouver le petit bar qui expose 4 céramiques d’un artiste du coin.
Il faut quelques jours pour commencer à cheminer vers le « vrai » Venise.
Croiser des regards et recroiser les mêmes personnages dans les différents quartiers de la ville. Rencontrer les étudiants qui font leur rentrée.
Ceux qui veulent vraiment vivre ici, parce que c’est une volonté de vivre dans ce petit ilot. Notre rencontre avec Noémi, artiste et illustratrice nous a donné envie de pousser cette expérience Vénitienne. « Après octobre, c’est plus facile de se loger » nous dit-elle dans son espagnol retrouvé.
Et nous nous prenons à rêver d’un Venise pour 1 mois ou 2…
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