Promenons-nous …
- Posted by Phil Meyer
- On 14 October 2019
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En commençant à écrire, j’ai eu cette comptine dans la tête … promenons-nous […] il est passé par ici…
Après Venise, nous sommes passés par Salzbourg. La ville est intéressante, je n’irai pas jusqu’à dire magnifique ; mais avec Venise dans les yeux, ce n’est pas facile de rivaliser.
Et puis je dois avouer que nous n’avions pas bien commencé non plus. Je m’explique.
Tout d’abord, nous avions décidé de nous arrêter aux pieds des alpes italiennes durant quelques jours, pour nous reposer et prendre le temps d’assimiler l’étape vénitienne. Nous sommes tombés malade.
Le froid, l’humidité, et paf une petite grippe.
Huiles essentielles, jus de citrons. Jojo sentait le cabinet de massages.
Quelques jours après, nous repartions direction l’Autriche. Le calme des routes en comparaison de l’Italie ; que de stress en moins. Nouvel arrêt au bord d’une rivière. Une journée, deux journées passent. Et re-départ.
Et là, nous découvrîmes la force de la montagne.
Nous suivions la carte Michelin, le gps consomme de l’électricité (et du réseau aussi). Et bien cette fois, nous n’aurions pas dû. Sur la carte, il nous semblait que l’on passait par un tunnel pour traverser une immense barrière rocheuse.
Nous suivons la route, passons une gare (avec un panneau donnant Salzbourg et Innsbruck), poursuivant le chemin (oui, le chemin justement). Là, un passage avec au sol des barres d’acier.
Et une signalisation toute simple : « Vous entrez dans une zone de pâturages. Le fermier n’est nullement responsable de toute collision avec les animaux ».
Méfiance donc.
Jojo grimpe les kilomètres et l’altitude en première. 20km/h, c’est lent, très lent.
Et pour finalement arriver à une piste finie, une station de skis et de randonnées.
Pas moyen de passer. Pas de col. Re-descente piteuse vers le changement de direction.
250 km de détour, une taxe pour passer par un autre tunnel, une nuit sur un parking un peu miteux.
Et finalement Sazbourg.
Nous trouvons un coin où nous poser sans ennuyer qui que ce soit. Un parking devant un parc un peu excentré. Des pommiers sont devant. La vue est belle. En plein sur le château de Salzbourg.
Magnifique !
Nous nous promenons peu dans la ville. Fatigué, nous poussons une porte d’atelier-galerie, une deuxième. Les artistes ont l’air un peu surpris. Nous discutons, échangeons nos impressions sur nos métiers. L’un peint depuis plus de trente ans, occupant le même espace. Ça se sent. Le parquet est vivant, couvert de taches de peinture. L’autre tient sa galerie depuis un peu plus de vingt ans. Même constat. Nul n’est prophète en sa demeure.
Ils travaillent plus à l’étranger que dans leur ville.
18h plus personne dans la ville.
Retour tôt chez nous.
22h des jeunes trainent autour du camping-car. Ça rigole, ça fume. Un peu inquiet (et en pyjama), on descend de la capucine (c’est l’espace au-dessus des sièges avant, un lit pas très large et 50 cm au-dessus de nos têtes), on écoute, on zieute derrière les rideaux. Il se met à pleuvoir. Ils partent.
Nous passons le reste de la nuit à écouter la pluie. C’est très rassurant la pluie. On sait que personne n’aime avoir des trombes d’eau sur la tête !
Le lendemain, nous visitons plus sérieusement. Une expo sur Egon Schiele et ses amis (le thème présenté), quelques croquis plus tard, nous sortons grignoter un bretzel et une saucisse. On continue. Nous tentons de pousser des portes de galeries. Fermées. Nous allons voir d’autres musées, fermés à partir de 17h. Mmpfff.
Reste du lèche-vitrine. On se promène, on regarde les gens, les citadins, les touristes. Nous dessinons un peu. Du croquis de rue.
Parce que jusqu’à présent, nous n’avons que de la malchance pour clôturer notre passage dans l’une de nos étapes, nous décidons de nous arrêter dans un restaurant un peu branché, en tout cas rempli de monde qui rit, de jeunes principalement. Et bien, quand on vous dit c’est épicé, en Autriche, ça veut juste dire que ça arrache la langue, les joues, les lèvres. Je m’étouffe sur une sauce relevée. Sophie rit. J’en pleure ! Autant de rire que de chaleur.
Nous rentrons chez nous.
Et 22H30 arrive. Premier bruit de voiture qui remonte à tout berzingue l’allée ou nous sommes garés. Deuxième qui fait hurler le moteur. Des jeunes sortent. Nous étions couchés. Ça rit. Encore une fois, ça parle fort. On regarde. Deux grosses cylindrées sont garées juste derrière nous. Il y a de la place pourtant partout autour. Et puis ça change de mains, ça échange entre les mains. Et merde.
Le parc avait pourtant l’air tranquille.
Trop justement. Nous aurions dû nous en douter.
Première voiture qui part. Deuxième qui arrive. Nous qui flippons dans notre vieux fourgon. Nous osons à peine bouger. Et si, et si. Le fameux jeu du « Et si ». Une heure après, une troisième. Un écusson chevalin à l’avant. Et nous qui attendons toujours.
Il est presque minuit. Nous attendons qu’il pleuve. Qu’ils s’éloignent.
Finalement, grand départ en pétarade. Nous sommes seuls. Enfin.
Inquiets, mais soulagés.
Je préchauffe notre Jojo. Dix minutes plus tard, il démarre. Nous partons, nous aussi, nous trouver un coin en ville, sous les lampadaires. Pour avoir la sécurité de la lumière. Le lendemain, réveil tôt. Les yeux enfarinés, nous allons chercher dans une boulangerie les spécialités de la ville. Apfelstrudel et café dans le ventre. On part. Pour aller à Munich.
En chemin, nous trouvons des tournesols en bordure de route. On s’arrête. On s’en cueille. On en accroche sur l’échelle arrière. Munich enfin. Changement de ville, changement de pays, changement d’état d’esprit.
La ville est en liesse. C’est Oktoberfest. Nous nous attablons à Viktualenmarkt, avec un bretzel et une pinte. Des gens nous sourient autour, ça rit, ça chante.
On est bien.
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