Paradigme

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  • Posted by Phil Meyer
  • On 1 September 2019
  • 1 Comments

Sophie me disait la semaine dernière : « Quand je conduis, j’ai une telle sensation d’irréel. Comme si l’on projetait un film sur le pare-brise, à l’image des films des années 50. Nous ne sommes pas fait pour aller aussi vite. Ce n’est pas l’échelle humaine. »

Cela fait maintenant plus d’un mois que nous sommes sur les routes. Normandie, Bretagne, les Alpes, l’Italie. Plus de 5 000 km. De grands sauts de puces.
Jojo est lent, il est lourd et n’avance pas plus vite que ça. Le ronron de son diésel n’aide pas non plus à comprendre cette vélocité. Même peu prononcée.
Nous avons l’impression de vivre plusieurs journées en une, un morcellement s’opère.
Et ce sentiment d’Irréalité.
Je, elle, nous, ai/a/avons/ cette sensation de vivre plus intensément le présent.
Cet instant.
Puisque, quelque part, nous ne savons pas où nous serons.
Où nous passerons la nuit.
Perte de racines. Le gain d’autre chose, pas ou peu encore définie. Dans un sens, nous sommes un peu comme ce pollen qui se laisse porter par le vent.
Le déplacement.
Cette vitesse que nous ne percevons plus vraiment.
Pourquoi celle-ci opère un tel bouleversement dans le cerveau? Ce changement de Réalité.
Pourquoi, notre civilisation occidentale, sud-occidentale, tellement portée sur l’ultra-rapide ne peut, n’arrive pas à comprendre ce déplacement ?
Parce que la vitesse est bien un changement d’état. Dans le temps, dans la perception des organes du corps, dans cette mouvance de l’espace avec une synergie, une énergie non-adaptée à notre musculature.

Je repense à Mikki me racontant : 
« Au Brésil, j’ai rencontré un homme qui passait ses journées assis à regarder.
Moi, je courrais à droite, à gauche, pour trouver un job, un endroit qui voulait de mes peintures.
Et un jour, alors que je passais encore une fois devant lui, il m’a interpellé et me fit asseoir à côté de lui. Au début, je tenais un quart d’heure, puis une demi-heure. L’heure passait puis la matinée et la journée. Et alors est arrivée une chose formidable. Moi qui courrais après le monde, le monde est simplement venu me voir. Un tel passait et me demandait une peinture, une autre venait demander un conseil. J’ai arrêté la vitesse et étonnamment, je ne passais plus à coté. »

S’arrêter, faire un pas de côté et laisser venir.
Nous n’avons pas besoin d’aller vite.
Quoiqu’il arrive, nous nous retrouvons toujours au prochain feu rouge.

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1 Comment

Lebacqz
C'est très beau et inspirant Bisous Annick

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