Comment l’appelle-t-on déjà ?

Comment l’appelle-t-on déjà ?

Comment l’appelle-t-on déjà ?

  • Posted by Phil Meyer
  • On 1 October 2019
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La Sérénissime, la Reine de l’Adriatique ou la Cité flottante.
Nous sommes resté onze jours pleins à Venise. Enfin presque ! Jojo ne flotte pas encore. Nous nous sommes posés sur l’un des campings proches de la Ville (j’aimerai d’ailleurs préciser que prendre une douche chaude transforme n’importe qui en honnête citoyen).

Que pouvons-nous vous raconter de cette ville pleine d’antagonismes ?
Deux jours de biennale d’art. De quoi se mettre le bourdon.

Une dizaine de visites de musées et d’églises. Vive Tiepolo, Tintoretto, Canaletto, Rosso, Rodin et d’autres encore.

Nous avons fait des rencontres d’artistes, d’expatriés, d’artisans, de glaciers et tant d’autres personnages.
J’avoue que de poser Jojo assez longtemps permet de prendre la mesure du lieux.

 

Nous sommes à Venise. J’ai la bougeotte. Rester longtemps sur place n’est pas le plus évident pour moi.

Ça y est le cappuccino est fini ? Dis, dis on y va ? Il y a une super expo à voir ! Regarde, regarde, il y a ça aussi !

J’aime me remplir et me gorger de tout ce que l’on peut voir, faire, rencontrer.

Et se poser après pour digérer le tout.
Venise est loin de mon record de Vienne. Nous n’avons pas couru d’un endroit à un autre. J’avoue que c’est plutôt reposant (ne le dites pas à Sophie) de se poser, sortir les carnets, regarder, dessiner. On ne se sent plus touristes.
Ni habitant de la cité.
Quelque part dans un entre deux.

La ville nous plait. Elle est belle. Autant dans son histoire, sa lumière et son art. Si on prend le temps de s’éloigner des axes touristiques, on y trouve facilement une place ou une Ostéria remplie d’habitués, de véritable vie. Une vue sur les canaux, des linges suspendues entre deux murs.

C’est cette ville que nous sommes venu chercher. D’essayer d’aller à la rencontre de ceux qui y travaillent, y vivent.

Je vous parlerai bien de la Legatoria Polliero, l’un des derniers fabricants de papiers marbrés et tamponnés main (le véritable papier de Venise), de ce rare artisan qui fabrique les forcola (les fourches des gondoles), de cette artiste espagnole qui vit maintenant et peint sur la place, à côté de son appartement ; Ou bien de cette décoratrice/designer qui a changé des habitudes de souffleurs de verres (un lieu d’hommes uniquement).
Ou encore de ces deux expatriés qui vivent depuis une dizaine d’année ici. Ils aiment la ville, la Dolce Vita et la culture. Tout ce qu’ils veulent pour une retraite.

J’aurai quelques pages à écrire. Et vous, j’espère du temps pour lire.
Mais il faut que cela macère encore un peu. Je suis encore sous le charme de cette ville.
Des ornements à ne plus savoir où regarder. Une lumière entre ciel, eau et terre.

Et tout autant de désagréments … des touristes qui viennent faire les touristes. Des croisiéristes plus grands que certains bâtiments de la place Saint-Marc.
Et cependant, nous ne devons pas être très loin de ce qui se passait il y a quelques siècles. De l’arrivée incessante de bateaux, de marchands, d’étrangers. Venise est cosmopolite. Une ville à la croisée de bien des mondes.
Je pensais vous conter ce que nous avons vu et fait. J’ai plus envie de vous parler de mes impressions, mes sensations. Mes réflexions.

J’avoue me poser plein de questions sur mon art. Sur ce que je veux faire en tant que sculpteur et peintre. Un début de compréhension se fait jour sur mes Corps Perdus (Merci Audrey pour le nom de ma dernière expo, j’y trouve beaucoup de résonance avec mes œuvres). Sur le fait que mes tableaux ne représentent qu’un seul corps. Sur la relation entre la sculpture et la peinture.
Visiter la biennale d’art contemporain m’a fait un grand bien. Intellectuel, entendez bien et non émotionnel. L’art officiel, celui des institutions, s’égare. Enfin de mon point de vue. Il s’éloigne de l’humain. Mais représente tellement ce que nous vivons actuellement. L’aboutissement de l’Homme hors de la Nature. Il n’y a plus de place que pour un intellectualisme de façade. Un grand renoncement à l’Humanité. À ce qui fait que l’Art est Art. Qu’il touche l’émotion pur. Certes, il peut se faire histoire, politique, mais il est question de la part émotionnelle. C’est ce qui fait que l’art est art.
Voir Venise cette année, surtout au début de notre road-trip, m’a amené à reconsidérer comment nous devrions, nous autres artistes, nous placer dans la Cité.

Pendant ces dix jours, nous avons tous les deux dessiner. Dans les expos, les églises, par terre sur une place, en prenant un Prosecco en terrasse. Et pendant ces dix jours, nous avons discuté, montré, été interrogé sur ce que nous faisions.

Dessiner à la vue de tous crée un lien. Une connexion. Nous nous sommes senti admis. D’autres ont été touché d’être dessiné.
Dans l’un des Palazzo, exposition annexe à la biennale, des artistes peignaient en direct. Et cela nous a fait un bien fou. Malgré une barrière de la langue plus ou moins marquée, une culture complètement différente, nous nous sommes compris dans nos arts. Dans la représentation de l’humanité.

Quelque part, partir en voyage ne devrait pas être une collection de photographies instagramables, une collection de lieux à cocher sur une check-list.

Partir, c’est aller à la rencontre de ce qui fait l’autre. De sa manière de voir la vie.

C’est se faire oublier et entendre ces deux vieilles dames se raconter les histoires du quartier.
C’est d’avoir un amoureux de sa ville nous raconter pourquoi les cheminées de Venise sont aussi grandes (cette peur de bruler la ville, encore et toujours). De l’entendre raconter les bâtiments.
Partir en voyage doit être une remise en question. Un temps d’arrêt dans sa propre vie.
Et voir, ressentir, parler, échanger, aller à la rencontre de l’autre.

De se faire humble et de laisser l’autre prendre la place. Il est chez lui après tout.
Nous, nous ne sommes que de passage pour lui.

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Annick
MA GNI FI QUE

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